Des fouilles on eu lieu récemment sur le site de la future médiathèque d’Ensisheim (anciennement école Baldé détruite à l’automne 2017), effectuées par « Archéologie d’Alsace ».
La Société d’Histoire d’Ensisheim y a été associée dès le début des travaux, pour apporter des compléments documentaires, en particulier sur la construction de l’école primaire.
Des bâtiments anciens ont ainsi pu être localisés grâce à la mise à jour de fondations de maisons d’habitation, de fermes, de caves, de puits, latrines….
Des éléments témoignant du passage des hommes depuis le Moyen Age ont été identifiés, et sont en cours d’étude (carreaux de poêle en faïence, outils, vaisselle…).
Des « moules à cloches » ont également été mis au jour, dont on peut penser qu’ils ont servi lors de la construction de l’église vers 1860.
Mais une trouvaille exceptionnelle a été réalisée au travers de la mise à jour d’un dépôt monétaire composé en grande partie de thalers frappés à Ensisheim.
On peut rappeler qu’Ensisheim a disposé d’un atelier monétaire entre 1582 et 1634. Cet atelier, fondé par les Habsbourg, était alimenté par les mines d’argent des Vosges au moment de leur plus grand développement. Son emplacement précis est inconnu mais se situait dans l’actuelle rue de la Monnaie. Son activité a été très importante, avec par moments, plusieurs dizaines de milliers de pièces par an. Le fleuron de cet atelier était le thaler, une grosse pièce d’argent faisant suite à l’ancien florin médiéval.
La découverte effectuée provient sans doute d’une bourse (cuir ou tissu) dissimulée dans une cachette aménagée sous le plancher d’habitation. Elle est composée d’une soixantaine de thalers en argent, dont une vingtaine frappés à Ensisheim, les autres issus de divers ateliers habsbourgeois et germaniques. Il comprend également une centaine de pièces divisionnaires appelées « batz » (en alliage d’argent et de cuivre), provenant pour la plupart de Murbach et Lure.
La période des monnaies trouvées (1618-1627) correspond aux débuts de la guerre de Trente ans (1618-1648) qui a ravagé l’Europe et décimé les populations. Ensisheim n’a pas été épargnée puisqu’elle a été à plusieurs reprises, pillée, saccagée, rançonnée, brûlée…successivement par les Suédois, les Autrichiens, les Lorrains et les Français. Au sortir de la guerre, il n’y restait plus guère d’habitants et sur 300 maisons, seule une trentaine restait encore debout…
On peut donc imaginer que durant ces temps d’incertitude, la personne, propriétaire du « trésor » mis à jour en juin 2018, aura voulu dissimuler ses économies afin de les préserver des pillages possibles, et de pouvoir les récupérer, plus tard..
Nous savons désormais qu’elle ne les a jamais retrouvés…