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Résumé de la conférence du 21 janvier 2025: « Du camp de concentration à l’espace mémoriel: étude archéologique du camp de Natzwiller-Struthof », par Mme Juliette BRANGE et M. Michaël LANDOLT.


Résumé de la conférence du 21 janvier 2025: « Du camp de concentration à l’espace mémoriel: étude archéologique du camp de Natzwiller-Struthof », par Mme Juliette BRANGE et M. Michaël LANDOLT.

    

Mme Juliette BRANGE et M. Michaël LANDOLT, les deux conférenciers

 

 

« Du camp de concentration à l’espace mémoriel : étude archéologique du camp de Natzwiller-Struthof »

Le palais de la Régence, mis à disposition par la ville d’ENSISHEIM a accueilli mardi 21 janvier 2025 la 1ère conférence de l’année proposée par la Société d’histoire devant une assistance composée d’une trentaine de personnes.

Les deux intervenants conférenciers, Mme Juliette BRANGE, doctorante à l’Université de Strasbourg, et M.Michaël LANDOLT, directeur du camp du STRUTHOF, ont exposé les résultats de leurs recherches. Ils travaillent depuis plusieurs années sur le camp de concentration du STRUTHOF et y ont étudié l’économie de guerre à l’époque nazie.

Ils se sont appuyés tous deux sur les témoignages d’anciens déportés, et ont tenté de déterminer le profil des détenus durant cette période.

Le camp de concentration a servi à l’internement des déportés majoritairement politiques jusqu’en 1945, mais ensuite a été utilisé comme prison jusqu’en 1949, date à laquelle il est devenu « espace mémoriel ».

Si le site du STRUTHOF est bien connu pour ses deux sites principaux (« le camp haut » et « le camp bas »), on ne savait pas grand-chose jusqu’à une époque très récente de « l’espace de la carrière » situé à proximité, sur lequel ont porté l’essentiel des travaux des deux conférenciers.

Les travaux archéologiques de Mme BRANGE et de M. LANDOLT ont débuté en 2018, ils ont porté sur le recueil des témoignages des anciens déportés, la fouille de l’ancienne carrière a commencé à partir de 2020.

Leurs études ont mis en avant au départ un travail de prospection de la part des nazis, pour s’assurer que le site de la carrière de granite serait exploitable. Le but étant de construire le camp de concentration avec des matériaux situés à proximité, et éventuellement de contribuer à fournir le Reich en pierres de qualité pour construire ses monuments gigantesques. (A ce sujet, les matériaux n’ont semble t’il pas répondu aux critères exigés, et n’ont sans doute pas été employés au-delà du site du camp ou de destinations proches…).

Les premiers sondages au niveau de la carrière ont eu lieu en 1940, et l’accueil des prisonniers a été effectif à partir de 1941.

La carrière du STRUTHOF a produit essentiellement des matériaux de type « gravier », ainsi que des pavés ou des pierres pouvant servir de marches d’escaliers, par exemple, qui ont été utilisés pour aménager le camp.

Les chercheurs s’efforcent de comprendre aujourd’hui quels étaient les bâtiments existants et leurs fonctions.

Sous les ruines actuelles au niveau du site de la carrière, leurs recherches mettent en évidence des aménagements divers qui ont servi à l’exploitation passée, ainsi qu’à l’organisation des activités…

Si l’extraction des pierres était l’objectif au départ du chantier, il est à noter que d’autres fonctions ont été engagées par la suite.

Les fouilles effectuées ont permis de comprendre l’évolution des activités sur une période de plusieurs années. Elles sont particulièrement importantes pour compenser la destruction partielle des archives du camp.

Sous les gravats et les ruines du site, des structures ont été dévoilées, mettant à jour les différentes occupations.

Des chutes de métal, de scories, de particules métalliques, des traces d’outils… ont été découvertes, qui traduisent un changement dans l’utilisation du site.

Il est établi qu’à partir de 1943 , le site des carrières a accueilli des machines-outils, ainsi que des forges dont la fonction était de réparer et d’assurer la maintenance de moteurs d’avions (moteurs « Jumo 211 » qui équipaient les avions de type « Junker »).

Les fouilles tentent de déterminer à quels usages pouvaient servir les structures disparues et quelles en étaient leurs dimensions.

Il est certain qu’une activité de forge avait été organisée sur le site des carrières.

Des interprétations peuvent être effectuées au travers des objets mis à jour (objets métalliques divers, éléments de simili cuir…), et identifiés au travers de la méthode du carroyage (quadrillage du sol).

Des déchets de foyer dans lesquels scories, particules métalliques, traces d’outils…sont également étudiées et permettent de comprendre la chaîne opératoire.

Au travers de leurs recherches, Mme BRANGE et M. LANDOLD s’efforcent également d’évaluer quel était le nombre de prisonniers affectés aux différentes tâches, quelles étaient leur nationalité, ainsi que leur niveau de formation requis.

Mais parallèlement au travail forcé, il a été établi que des ouvriers « civils » étaient eux aussi affectés sur le site du STRUTHOF pour encadrer techniquement les prisonniers.

 

Les chercheurs essaient également de comprendre quel pouvait être le degré de relations entre personnel « libre » et « travailleurs forcés »

Des éléments tentent à affirmer qu’il pouvait exister parfois une forme de sympathie entre eux..

Mme. BRANGE et M. LANDOLD ont pu recueillir au travers de leur travail d’enquête des témoignages récents d’anciens ouvriers, pour la plupart habitants des villages voisins (LA BROQUE, NATZWILLER…), ayant été employés sur le site des carrières. Certaines de ces personnes aujourd’hui disparues ont pu confirmer, tardivement pour la plupart (sans doute parce qu’elles ne souhaitaient pas être soupçonnées de collaboration), qu’il existait des relations d’amitié entre elles et certaines personnes détenues.

Les dons en faveur du musée du STRUTHOF qui sont effectués depuis plusieurs années (les descendants des différents acteurs de cette époque ont pris conscience de la valeur en tant que témoignage des différents objets déposés) permettent également d’augmenter les connaissances sur le fonctionnement de ce camp.

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Il est à noter que le site, qui a servi de camp de détention après la guerre, a été considérablement dégradé de manière volontaire dans les années 1970. Les matériaux divers (bois, métal, graviers…) ont non seulement été réutilisés, mais une grande partie des anciens bâtiments a subi le passage des engins de chantier de type « bulldozer », afin de tenter d’effacer à tout jamais les souvenirs douloureux du site…

Aujourd’hui, le devoir de mémoire s’impose, et il est essentiel de transmettre la connaissance des événements douloureux d’une époque récente qui pourraient tomber dans l’oubli.

Les travaux des deux chercheurs se poursuivront dans l’avenir, certaines parties du site n’ont pas encore été fouillées (dépotoirs..) et devraient livrer d’autres éléments qui permettront d’alimenter nos connaissances sur ce sujet.

Des questions ont été posées à la suite de la conférence, auxquelles les deux conférenciers ont répondu bien volontiers.

Le débat s’est ensuite poursuivi au travers du traditionnel verre de l’amitié

de transmettre la connaissance des événements douloureux d’une époque récente qui pourraient tomber dans l’oubli.

Les travaux des deux chercheurs se poursuivront dans l’avenir, certaines parties du site n’ont pas encore été fouillées (dépotoirs..) et devraient livrer d’autres éléments qui permettront d’alimenter nos connaissances sur ce sujet.

Des questions ont été posées à la suite de la conférence, auxquelles les deux conférenciers ont répondu bien volontiers.

Le débat s’est ensuite poursuivi au travers du traditionnel verre de l’amitié.

 


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